Pour la cour d'appel, le temps de trajet entre le domicile et le premier client dans le cadre d'une opération « de maintenance curative » ne relevait pas du temps de travail effectif, d'une part parce que, contrairement à ce que soutenait le salarié, elles étaient planifiées (l’employeur s’enquérait de la disponibilité du salarié avant de confirmer la mission et de délivrer un bon de travail), d'autre part parce que convoyer des pièces détachées était inhérent à la nature de son activité. Le salarié ne pouvait donc pas prétendre rester à la disposition permanente de l’employeur et bénéficiait en tout état de cause d’une certaine autonomie dans l’organisation de son travail.
La Cour de cassation censure néanmoins la décision de la cour d’appel. Après avoir rappelé le cadre juridique posé dans son arrêt de 2022 (voir § 4-3), elle souligne que, selon les constatations des juges du fond, « le salarié était soumis à un planning prévisionnel pour les opérations de maintenance et que, pour effectuer ces opérations, il utilisait un véhicule de service et était amené à transporter des pièces détachées commandées par les clients ».
Du point de vue de la chambre sociale, ces éléments permettent de supposer que les temps de trajet domicile/travail constituaient un temps de travail effectif. L'affaire est donc renvoyée devant une nouvelle cour d'appel qui devra examiner à nouveau les conditions dans lesquelles s'effectuait le trajet domicile/travail.
La solution n’étonnera guère, les faits étant très proches de ceux ayant donné lieu à l’arrêt du 3 juin 2020 précité (voir § 4-3).
Les entreprises doivent donc être conscientes du risque qu'il y a à laisser un salarié conserver un véhicule de service pour pouvoir le lendemain se rendre plus facilement chez un client et y acheminer des fournitures, du matériel, des colis, des pièces de rechange, etc. Il leur faut garder à l'esprit que, dans une telle hypothèse, le salarié doit en principe être rémunéré dès qu'il quitte son domicile… Certaines entreprises seront peut-être tentées d'adapter les horaires de travail, par exemple en permettant au salarié de rentrer chez lui un peu plus tôt, de façon à respecter la durée de travail hebdomadaire contractuelle et d'éviter de payer des heures supplémentaires.